700
cartes basées sur 40 indicateurs, 3 niveaux de réchauffement, 6 modèles
climatiques et 2 scénarios climatiques sont ainsi mises à disposition du public
sur le site www.awac.be.
Le
constat de base est que le climat en Wallonie se réchauffe plus vite que la
moyenne mondiale. Une hausse de 2°C au niveau global par rapport à la période
préindustrielle correspond à 3°C de plus en Belgique et jusqu’à 4°C en Ardenne.
À partir de là, trois niveaux de réchauffement ont été étudiés correspondant à des hausses de température respectivement de 2°C, 3°C et 4°C au niveau
mondial.
Il
en ressort des perspectives très concrètes pour tout un chacun. Ainsi, en cliquant
sur une commune, il est possible de visualiser dans quelle mesure celle-ci risque
d’être confrontée aux aléas d’inondations, de sécheresse, de canicules et de vents
violents aux différentes périodes de l’année.
Bien
que dans un scénario de +3°C plus personne ou presque ne soit à l’abri, les
simulations attestent une fois encore que tant pour les risques d’inondations,
que des vagues de chaleurs, ce sont les populations les plus précaires qui
seront les plus impactées, soit qu’elles se concentrent en ville dans les
quartiers propices aux îlots de chaleur (par manque de ventilation, d’eau et de
végétation), soit parce qu’elles vivent dans les zones les plus exposées aux
inondations.
C’est
ainsi que 24% des ménages les plus précarisés sont d’ores et déjà exposés à un
risque d’inondation, contre 15% en moyenne et 8% des ménages les plus aisés.
54%
des ménages les plus précarisés seront soumis à un aléa de chaleur moyen à
élevé contre 30% en moyenne et 2% des ménages les plus aisés dans un monde à +3°C, les communes les plus vulnérables aujourd’hui étant Liège, Charleroi,
Mons, Verviers et Namur.
Plus
globalement, un indicateur de vulnérabilité sociale a été développé. Il est basé
sur 7 dimensions : l’âge, le fait d’être atteint par une malade chronique,
le lien social, l’accès aux espaces verts, la situation socio-économique,
l’accessibilité aux services médicaux et les lieux recevant des publics
vulnérables (écoles, hôpitaux, …).
Il
en ressort que 62% de la population wallonne, soit 2 250 000 personnes, est en
situation de vulnérabilité sociale élevée à très élevée face aux changements
climatiques et que cette population est concentrée principalement le long de la
dorsale industrielle wallonne et dans la botte du Hainaut le long de la
frontière française.
Carte
de vulnérabilité sociale
Mais
les changements climatiques n’épargneront pas les entreprises et les
infrastructures dont elles dépendent et, par voie de conséquence, l’emploi de
travailleurs et les travailleuses.
Il
ressort du travail réalisé par l’AWAC que 28% des entreprises wallonnes sont
confrontées à un aléa d’inondation, 67% seront impactées par un aléa de chaleur
diurne (dans un monde à +3 °C) et 11% sont situées à moins de 200 m d’une zone de
risque d’incendie moyen-élevé à élevé. On le sait, si nous avons été épargnés
par les incendies de forêt jusqu’à présent, le risque est désormais bien
présent.
Qui
plus est, les événements climatiques de plus en plus fréquents sont
susceptibles de provoquer des dégâts aux postes de transformation électriques
(infiltrations d’eau, courts-circuits, …), perturbant ainsi l’activité
économique, la mobilité et les télécommunications.
De
la même façon, les inondations peuvent impacter le réseau de distribution du
gaz et abîmer les compteurs.
Des
effets d’entraînement peuvent se produire. Les réseaux routiers peuvent se voir
entravés et l’assistance à la population rendue impossible, sur certaines zones
du territoire, sachant que les infrastructures, notamment énergétiques, sont
concentrées dans les zones les plus vulnérables.
Tous
ces dégâts potentiels ont un coût qui s’appelle le coût de l’inaction. Rien que
dans un scénario d’augmentation de 2°C de la température moyenne, la baisse de
productivité au travail pourrait atteindre 2% du PIB, soit 900 millions d’euros
par an pour la Wallonie. Quant aux inondations, elles pourraient coûter 70
millions par an à la Wallonie.
Faire
une pause dans la politique climatique est, par conséquent, irréaliste, car la
nature n’attend pas que le moment soit propice. Reporter encore et encore la
transformation qui serait nécessaire de nos modes de production et de
consommation, mais aussi la réflexion sur la politique sociale qu’il sera
nécessaire de mettre en place face aux nouveaux enjeux dans une perspective de
transition juste équivaut à mettre en péril, non seulement, l’avenir économique
de la Wallonie, mais à jouer avec la vie de ses habitants, au premier rang les
plus fragiles.
Plus
d’information : www.awac.be