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La réduction du temps de travail peut-elle sauver le climat ? (Et comment la mettre en œuvre)

La réduction du temps de travail peut-elle sauver le climat ? (Et comment la mettre en œuvre)

L’humanité, et ce n’est malheureusement pas un scoop, est confrontée à un enjeu jamais rencontré auparavant qui est celui de sa propre survie à l’échelle globale. Comme l’ensemble des autres êtres vivants, l’Homme fait partie de l’écosystème terrestre qui lui assure l’air qu’il respire, l’eau qu’il boit, la nourriture dont il a besoin, un climat compatible avec ses capacités biologiques.

Publié le 01/07/2025
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La surexploitation des ressources naturelles n’est pas un phénomène nouveau. L’Empire romain a été marqué par une exploitation intense des ressources naturelles, notamment forestière, agricole et minière qui a conduit à des problèmes tels que le déboisement, l’érosion des sols et des pollutions au plomb notamment.

Cependant, nous assistons pour la première fois, pas seulement à une situation géographiquement délimitée, mais à un basculement potentiel de l’équilibre de l’écosystème terrestre dans sa globalité causé par l’activité humaine.

Pour faire face, les grandes institutions internationales, que ce soit l’OCDE, la Banque mondiale, les Nations unies, l’Union européenne ou même l’OIT (Organisation Internationale du Travail) misent sur le découplage entre la croissance économique et l’utilisation des ressources naturelles. En quelques mots, il s’agit de produire toujours plus avec la même quantité de ressources, voire moins de ressources, et en réduisant l’impact des activités sur l’écosystème comme l’indique l’objectif européen de neutralité carbone en 2050.

Finalement, l’idée est de poursuivre notre croissance économique et de créer des opportunités d’emplois sans mettre en danger la planète.

Dans son sixième rapport d'évaluation (AR6) publié en 2023, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), d’ordinaire politiquement correct, estime pourtant que la stratégie de la croissance verte ne suffira pas :

« Il semble de plus en plus évident que même un découplage absolu généralisé et rapide pourrait ne pas suffire à atteindre ces objectifs [les 1,5 °C ou 2 °C de l’Accord de Paris] sans une certaine forme de décroissance économique ».

Les solutions technologiques ne suffiront clairement pas si elles ne s’accompagnent pas d’un changement de nos modes de production et de consommation.

Le droit social au service du productivisme ou de la protection des travailleurs ?

À cet égard, lors du séminaire d’actualité du CEPAG du 6 juin dernier, intitulé « La réduction du temps de travail peut-elle sauver le climat ? », Elise Dermine, Professeure à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) a évoqué avec nous les ressources du droit social, permettant de dégager des temps non-productivistes dans une perspective de transition écologique.

Selon cette dernière, le droit social entretiendrait une relation ambiguë avec le productivisme.

Côté face, le droit social s’est développé à partir de la fin du XIXe siècle pour protéger les travailleurs employés dans des conditions de travail désastreuses depuis le début de la révolution industrielle.

Des limites à l’exploitation des travailleurs ont été instaurées. Un système assurantiel a été mis en place pour les prémunir face à différents risques comme les accidents de travail, la maladie, etc., avec un idéal de justice sociale.

Côté pile, le droit social est certainement un pilier central du productivisme. En échange de toutes une série de protections (congés payés, durée maximale de travail, droit à la retraite, etc.), les travailleurs acceptent collectivement que la propriété de l’entreprise réside dans les mains des détenteurs des moyens de production, c’est-à-dire du capital auquel les travailleurs louent leur travail dans un lien de subordination.

Par ailleurs, il s’agit de financer la sécurité sociale grâce aux cotisations sociales sur les salaires. Or plus la croissance économique augmente, plus il y a d’emplois créés et donc plus de rentrées pour la sécurité sociale.

Il n’en reste pas moins que le droit social recèle des ressources permettant de résister à la logique productiviste et qu’il devrait être possible de les exploiter afin de dégager des espace-temps non-productivistes.

La réduction du temps de travail au centre du combat climatique

La réduction du temps de travail se situe au cœur des luttes syndicales depuis le XIXe siècle, avec pour aspirations la diminution de la pénibilité, le partage du travail et la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Aujourd’hui, dans le contexte de la crise écologique, elle prend tout son sens comme moyen de lutter contre le productivisme.

La mettre en œuvre dans un contexte où, au contraire, la tendance va à l’augmentation de la durée du travail ne va cependant pas de soi. Il serait pourtant possible d’agir de façon plus détournée.

En effet, la loi sur le contrat de travail contient déjà un certain nombre de mécanismes de suspension du contrat de travail permettant au travailleur salarié de se consacrer à des activités situées hors du champ de la production, mais considérées comme ayant une valeur sociétale.

Par exemple, un travailleur peut suspendre l’exécution de son contrat de travail pour exercer un mandat politique, pour se rendre à une audience dans les cours et tribunaux du travail, dans le cadre des congés-éducation payés, … Il existe ainsi 19 causes de suspension qui permettent de retrouver son emploi à l’issue des périodes considérées et qui pourraient être élargies. La possibilité de refuser un emploi pour des raisons écologiques pourrait également être introduite.

Dans de nombreux secteurs, des conventions-collectives de travail ont été conclues incluant davantage de jours de petits chômages, plus de jours de congés légaux, etc.

Le plus souvent, ces avantages ont été négociés dans les secteurs les plus forts qui sont souvent également les plus polluants. Il conviendrait, par exemple, de les recenser et de les faire circuler afin de disséminer des modèles qui pourraient servir de base pour d’autres secteurs, notamment les secteurs liés à la transition énergétique.

Contrer le productivisme passerait de cette façon par la valorisation de périodes socialement utiles et qui représentent une forme de résistance, voire une ouverture pouvant conduire à une société plus juste et plus écologique qui prennent en compte les objectifs de développements durables des Nations Unies tels que la santé, l'éducation, l'égalité de genre, la réduction de la pauvreté et la protection de l'environnement. 

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