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À l’occasion de la Semaine de la mobilité, rencontre avec Cédric Lehance, acteur engagé pour une santé en mouvement !

À l’occasion de la Semaine de la mobilité, rencontre avec Cédric Lehance, acteur engagé pour une santé en mouvement !

À l’occasion de la Semaine de la mobilité, la Cellule Mobilité du CEPAG a souhaité mettre en lumière des initiatives qui allient santé, accessibilité et transition écologique. Nous avons rencontré Cédric Lehance, responsable du projet « En Mouvement pour ma santé », actif à l’Université de Liège en partenariat avec l’AViQ (Agence pour une Vie de Qualité).

Publié le 09/09/2025
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Dans cet entretien, Cédric revient sur les bienfaits de la mobilité active, les freins à lever pour la rendre accessible à toutes et tous, et les leviers que les syndicats peuvent actionner pour en faire une revendication sociale et écologique forte.

 

Cellule Mobilité : Parle nous un peu du projet « En mouvement pour ma santé » ?

Cédric Lehance : « En mouvement pour ma santé » est un programme que nous développons avec le CHU et l’Université de Liège, en partenariat avec les villes et les communes. L’idée est simple : rendre l’activité physique accessible, gratuite et adaptée à tous, principalement aux personnes souffrant de maladies chroniques. Chaque semaine, plusieurs centaines citoyens participent à des séances encadrées par des professionnels, dans un cadre bienveillant et proche de chez eux. Notre objectif est que chacun puisse bouger à son rythme, en toute sécurité, et retrouver le plaisir de l’activité physique. Au-delà de la santé, c’est aussi une manière de recréer du lien social et de renforcer le bien-être au quotidien

Les entreprises s’intègrent pleinement dans ce raisonnement. Cela passe par des infrastructures ou solutions pratiques mais aussi par une nouvelle culture du travail. On peut par exemple organiser des réunions en marchant à l’extérieur, ou même transformer une rencontre en une balade à vélo : c’est une façon simple de rester actif, de stimuler la créativité et de rendre les échanges plus dynamiques.

 

Cellule Mobilité : Quels sont les impacts concrets de la mobilité active sur la santé des travailleurs ?

Cédric Lehance : On sait aujourd’hui que la sédentarité est un problème majeur de santé publique, en particulier chez les travailleurs. Intégrer des formes de mobilité active comme la marche ou le vélo permet de lutter efficacement contre cette inactivité. Les bénéfices sont multiples : réduction des risques de maladies chroniques (comme le diabète de type 2), amélioration de la condition physique, du sommeil, renforcement du système immunitaire, diminution du bruit et amélioration de la qualité de l’air. Bouger quotidiennement autrement qu’en voiture, même de manière modérée, contribue à se maintenir en bonne santé sur le long terme.

 

Cellule Mobilité : Et sur le plan mental, quels effets observe-t-on ?

Cédric Lehance : L’impact est tout aussi significatif. L’activité physique douce intégrée au quotidien, par exemple via les déplacements domicile-travail, agit comme un véritable régulateur de stress. Elle favorise une meilleure humeur, augmente la concentration et aide à trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. C’est aussi un bon moyen de lutter contre l’isolement social, un phénomène qu’on rencontre notamment dans les environnements de travail très numérisés.

 

Cellule Mobilité : Rendre la mobilité active accessible à toutes et tous, est-ce réellement possible ?

Cédric Lehance : C’est un enjeu central. Des projets comme « En Mouvement pour ma santé » montrent qu’avec un bon maillage territorial, des séances gratuites, un encadrement de qualité et du matériel adapté (comme des vélos électriques), on peut lever de nombreux freins. L’idée, c’est de proposer un accompagnement de proximité, notamment pour les personnes vivant avec une pathologie chronique ou en situation de vulnérabilité. L’accessibilité passe par des solutions au plus proche des personnes, ancrées localement en commençant par les citoyens via les communes. Au niveau professionnel, l’intégration des réflexions dans les entreprises permet aussi d’améliorer la santé des travailleurs durant leur temps de travail et les délégués peuvent et les chemins vers le travail sont une première piste.

 

Cellule Mobilité : Mais cette dynamique devrait aussi exister en entreprise ?

Cédric Lehance : Absolument. Le monde du travail a un rôle essentiel à jouer. « En mouvement pour ma santé » a participé au printemps de la mobilité qui regroupait les entreprises du Liège Science Park afin d’encourager des habitudes de vie plus saines dans les milieux professionnels. Concrètement dans les entreprises cela passe par des infrastructures adéquates : parkings vélos sécurisés, douches, vestiaires, mais aussi des plans de mobilité durables mais aussi envisager le rapport à l’activité physique autrement que comme un loisir. Certaines entreprises mettent en place des flottes de vélos de service ou des incitants comme des indemnités vélo supérieures au seuil minimal. Les entreprises les plus avancées en matière de santé au travail mettent en places des séances collectives de jogging, marche ou balade à vélo pour remplacer certaines réunions. Intégrer l’activité physique dans le quotidien professionnel, y compris sur le temps de travail, participe pleinement à la qualité de vie des travailleurs. Et cela doit être porté dans les discussions syndicales : c’est un véritable levier d’action pour améliorer la santé des travailleurs et leur bien-être dans l’entreprise.

 

Cellule Mobilité : En quoi estimez-vous que la mobilité active s’inscrive-elle dans un combat syndical plus large ?

Cédric Lehance : Parce qu’elle touche à plusieurs dimensions : la santé, bien sûr, mais aussi la justice sociale et la transition écologique. Le concept de santé positive1 fait parfaitement le lien entre les sensibilités syndicales et les intérêts des travailleurs, notamment via la mobilité active car c’est un moyen concret d’agir contre les inégalités d’accès à la santé et au transport, tout en réduisant les émissions polluantes et en améliorant la qualité de vie. Rendre la mobilité active accessible à toutes et tous, quel que soit le revenu, l’âge ou l’état de santé, c’est défendre un droit fondamental.

 

Cellule Mobilité : En quoi la mobilité active crée du lien social ?

Cédric Lehance : Que cela soit lorsque l’on marche, cours ou fait du vélo, nous sommes en contact avec notre environnement et les personnes que l’on croise. Il n’est pas rare d’échanger quelques paroles ou moment avec des connaissances, chose qui n’est pas possible au volant de sa voiture.  Sur le lieu de travail, les travailleurs qui viennent à pied finissent par partager quelques pas vers l’entreprises et créer des liens ; les cyclistes finissent par se rencontrer sur le chemin du travail ou aux parkings vélos ou douche et discuter vélo, itinéraires, météo, expériences, l’absence d’infrastructure, les amélioration souhaités, … et des liens se tissent. Certains travailleurs font de temps à autre une partie de leur trajet avec un collègue cycliste, une sorte de « covélotaf ».  D’autres se synchronisent pour prendre les mêmes transports en commun puis faire une partie du trajet à pied ou à vélo vers leur destination. La mobilité active au sens large en comprenant les transports en commun permet de créer du lien entre les travailleurs.


L’entretien avec Cédric Lehance le confirme : la mobilité active est bien plus qu’un simple choix de déplacement. C’est un véritable outil de prévention, de lien social, et de justice environnementale. Elle répond à des enjeux de santé publique, mais aussi à des inégalités profondes d’accès à l’activité physique, à l’espace public, au bien-être.

Pour les organisations syndicales, il ne s’agit pas d’un sujet secondaire. Revendiquer des aménagements dans les entreprises, des incitants concrets pour les travailleuses et travailleurs, ou encore mettre en place des vélos d’entreprise et de service, c’est défendre un droit à la santé, à un environnement sain et à une qualité de vie.

À nous, collectivement, de faire de la mobilité active un levier syndical à part entière. Parce que bouger, c’est bon pour soi. Et parce que rendre ce droit universel et accessible, c’est aussi faire avancer nos luttes sociales.



1 Santé positive : Ce concept va au-delà de l’absence de maladie. Il prend en compte six dimensions : physique, mentale, sociale, existentielle, qualité de vie et fonctionnement quotidien. Il met l’accent sur les ressources de chacun pour vivre pleinement et activement, plutôt que seulement sur les symptômes.

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