En ne maîtrisant pas nos émissions de gaz à effet de serre, nous condamnons
les populations de l’hémisphère sud à subir les conséquences des changements
climatiques alors qu’ils ne sont pas à l’origine du problème. Avancées du
désert, assèchement des terres, stress hydrique, montée des eaux ont pour
conséquence des vies plus difficiles, voire impossibles dans certains cas, causant
des déplacements de populations, des conflits.
Un fonds vert a bien été créé lors de la COP (Conférences des Parties) de
Copenhague en 2009, mais depuis lors, les pays les plus responsables du
problème peinent à y verser des capitaux, certains poussant même le cynisme
jusqu’à proposer des prêts plutôt que des dons.
Notre passé a été socialement injuste, notre présent est socialement
injuste et si nous ne faisons rien, notre avenir sera socialement injuste, ou
pire ne sera pas. Car oui, en agissant de la sorte nous colonisons l’avenir de
nos enfants, de nos petits-enfants, bref, nous sacrifions sur l’hôtel de la
croissance les générations futures…
Tout cela est bien connu, mais les politiques n’osent pas agir, car ils
craignent de déplaire à leurs électeurs. Alors, que faire ?
L’auteur propose d’impliquer les citoyens dans la réalisation d’une
politique climatique ambitieuse et pour y arriver énonce quatre
stratégies :
Premièrement, constituer une assemblée citoyenne
suivie d’un préférendum.
En 2019, la Convention citoyenne pour le climat a été créée en France et a donné
lieu à 149 mesures ambitieuses de lutte contre le changement climatique.
Malheureusement, très peu d’entre elles ont été adoptées. Selon l’auteur, il
manquerait une étape : organiser un préférendum auprès des citoyens,
c’est-à-dire un référendum enrichi. Il s’agit d’évaluer les propositions faites
par l’assemblée citoyenne. Plutôt que d’évaluer près de 150 propositions, on
pourrait imaginer la mise en place d’un logiciel qui proposerait à chaque
citoyen une liste aléatoire de quelques dizaines de propositions. Idéalement,
ce type de consultation devrait être organisée chaque année.
« Cette année, nous sommes autorisés à émettre X gigatonnes.
Comment allons-nous faire ? Assemblée citoyenne, mettez-vous au travail.
Citoyens, participez ensuite au préférendum. »
Deuxièmement, afin d’éviter que chaque Etat Nation tire la
couverture à soi, créer une assemblée planétaire, un forum où la
population mondiale pourrait s’exprimer. Il s’agirait d’y faire participer 10
millions de personnes par an.
Troisièmement, des droits d’émission individualisés afin d’impliquer
directement les citoyens. Chacun recevrait un quota de carbone, si tous les
crédits ne sont pas utilisés, ils peuvent être revendus. Un marché serait ainsi
créé auquel participeraient non seulement les citoyens, mais aussi les
entreprises publiques et privées.
Quatrièmement, le recours à la désobéissance civile. L’auteur
donne un exemple d’action originale. Calculer la part de nos impôts qui finance
notre propre destruction : financement des énergies fossiles, kérosène non
taxé, écocide impuni, etc. Créer un collectif qui, dans un premier temps,
mettrait ces données en lumière. Avec le temps, les sympathisants pourraient
basculer vers la désobéissance fiscale, une forme de résistance collective.
Un avis :
C’est un petit livre agréable à lire qui propose des stratégies
intéressantes afin d’impliquer les citoyens dans l’élaboration d’une politique
climatique ambitieuse. L’auteur a le mérite d’être créatif même s’il reprend
des recettes déjà utilisées avec plus ou moins de succès. Cependant, il
approfondit la question afin que leur mise en œuvre soit plus efficace. Je suis
assez sceptique concernant sa troisième stratégie qui consiste à attribuer à
chaque citoyen le même nombre de quotas de CO2. A priori, cela
semble assez équitable si ce n’est que pour celles et ceux qui ont épuisé leurs
quotas, il est possible d’en acheter. Dans ces conditions, un marché est créé
avec d’un côté, les nantis qui auront les moyens de « faire comme bon leur
semble » et d’un autre côté, ceux qui ont peu de moyens… Pas sûr que
l’offre et la demande se rejoignent.
Malgré cela, ce livre vaut la peine car il dépasse les constats et propose des pistes pour un avenir plus enchanteur.