Newsletter n° 49 - Environnement


Cellules RISE et Mobilité du CEPAG

Juin 2021


Au sommaire :


5G : outil de la transition écologique ou fuite en avant technologique ?

La 5G qui nous est présentée par les industriels comme indispensable à l’économie circulaire et à la transition bas carbone (optimisation des processus de production et de la logistique, …), permettrait d’améliorer notre qualité de vie (énergie connectée, véhicules autonomes, enseignement à distance, …), serait un outil d’optimisation du fonctionnement des services d’urgence (chirurgie à distance, géolocalisation, …).

La ministre des Télécommunication Petra De Sutter (Groen) a ainsi déclaré : « La 5G offre la perspective d’une société hyperconnectée avec des applications à valeur sociale telles que la télémédecine (diagnostic et chirurgie à distance), les ambulances intelligentes, l’optimisation des services publics, le transport partagé. » (voir site de la RTBF).

Le souci est que ces développements risquent d’engendrer des impacts conséquents sur de nombreux autres plans et que le débat démocratique est largement évacué.

Même si des consultations sont organisées et des avis sollicités de la part des parties prenantes, l’impératif de la compétitivité et de la relance économique, la menace d’une récession si nous ne restons pas dans la course sont des arguments qui ont tôt fait de clôturer le débat.

L’exemple de Bruxelles où le déploiement de la 5G a longtemps été freiné car jugé incompatible avec les normes en vigueur plus sévères que dans les deux autres régions mais qui ne dispose pas des compétences pour s’y opposer – l’octroi des licences relevant d’une compétence fédérale – est emblématique. Les décisions qui seront prises à l’issue du débat public en cours feront certainement jurisprudence dans d’autres grandes villes, y compris à l’étranger.

Au niveau énergétique et climatique, le Haut Conseil pour le Climat, en France, a publié le 19 décembre 2020, un rapport selon lequel le déploiement de la 5G est susceptible de faire dérailler le pays de sa trajectoire climatique. L’empreinte carbone du numérique pourrait ainsi atteindre 2 % du total, soit l’équivalent des gaz à effet de serre émis par le secteur aérien (rapport téléchargeable ici).

L’Union européenne en est d’ailleurs bien consciente puisque le 17 décembre 2020, le Conseil a approuvé des conclusions intitulées : « La digitalisation au bénéfice de l’environnement ». Celles-ci visent à explorer les moyens de contribuer à rapprocher le double défi sociétal que constituent la transformation numérique et la transition écologique.

La situation n’est pas meilleure sur le plan de la biodiversité. Un rapport commandé par le ministre britannique de la Culture, des Médias et du Digital, paru en 2018, constate que la propagation d’ondes supérieures à 6 GHz est ralentie jusqu’à 90 % par le feuillage.

Le déploiement de la 5G risque donc d’aller à l’encontre de la végétalisation des villes nécessaire à leur adaptation aux canicules plus fréquentes liées aux changements climatiques.

De son côté, le collectif scientifique à la base de l’appel international contre la 5G , met en garde contre les dommages graves que la 5G pourrait occasionner aux bactéries et aux insectes, et par voie de conséquence, aux oiseaux, batraciens et chauves-souris qui s’en nourrissent.

Pourtant, les études manquent sur ces questions fondamentales permettant de prendre des décisions en connaissance de cause (voir article de Grappe).

Jusqu’à présent, ce sont les conséquences de la 5G sur la santé humaine qui ont suscité le plus de controverses. Actuellement, 5 % de la population européenne serait électrosensible et ce chiffre pourrait bien augmenter de manière conséquente avec l’accroissement de l’exposition.

Plus largement, des études mettent en avant le rôle carcinogène de l’exposition aux ondes électromagnétiques. Des problèmes d’infertilité, d’allergies, de troubles psychologiques et du comportement sont également constatés, notamment chez les enfants (voir site de l’AREHS).

Mais le point le plus sensible est peut-être celui de savoir dans quel type de société nous désirons vivre.

Les promesses mises en avant sont-elles crédibles ? Qui aura accès, par exemple, à la chirurgie à distance quand on voit les contraintes budgétaires imposées aux dépenses de santé ?

La crise sanitaire nous a donné un aperçu de la société numérique. Les facilités offertes par la technologie apportent-elles une plus-value en termes de qualité de vie telle qu’elles dépassent les inconvénients liés à l’isolement social prévisible des individus derrière leurs écrans, au détricotage de la convivialité et du lien social, au tracking généralisé des données personnelles ?

Non, la société numérique telle qu’elle se dessine ne semble pas être la panacée en termes de développement humain.

Qui plus est, des alternatives existent de longue date comme la fibre optique qui peut rendre les mêmes services sans les inconvénients sanitaires et écologiques de la 5G ou comme le Li-FI, nouvelle technologie à l’étude reposant sur l’utilisation de la lumière visible.

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L’or noir des majors vire au vert…

Le 27 mai 2021 fut un moment historique :  Shell, la multinationale pétrolière britannico-néerlandaise, a été sommée par le tribunal de La Haye de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030 afin d’être en phase avec l’Accord de Paris.

Cette décision de justice se base sur la norme de diligence qui s’applique lorsqu’un devoir de diligence a été établi.  En voici une brève définition : « Chacun doit, dans la mesure du possible, prévenir les dommages prévisibles occasionnés à autrui ». 

Ainsi, le devoir de diligence guide la façon dont une entreprise comprend, gère et communique les risques.  Ceux-ci peuvent être générés à l’intérieur de l’entreprise mais aussi à l’extérieur.

Il s’agit en quelque sorte d’une gestion élargie des risques de l’entreprise qui intègre la chaîne de valeur.

Autrement dit, le tribunal de la Haye part du principe que ceux qui polluent le plus tout en ayant les moyens financiers d’innover afin d’inverser la tendance ont la responsabilité légale de le faire et ce, au niveau de l’ensemble de la chaîne de valeur.  L’entreprise doit donc s’engager à ce que ses fournisseurs par exemple diminuent leurs émissions de GES.

Belle victoire pour l’ONG « Milieudefensie », la branche néerlandaise des Amis de la Terre !

Mais ce n’est pas tout : certains actionnaires de compagnies pétrolières s’élèvent aujourd’hui contre les pratiques crimino-climatiques des compagnies pétrolières. C’est le cas chez Exxon où des investisseurs militants ont obtenu deux places au sein du conseil de surveillance et sont bien décidés à faire entendre la voix de leur conscience environnementale.   Démarche assez remarquable aussi chez Chevron où les actionnaires ont voté à 61 % en faveur d’une motion déposée par un lobby écologiste afin d’obliger la direction à diminuer les émissions de GES engendrées par les activités.

Tout n’est pas aussi rose (pâle) chez Total.

Alors que l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) vient d’appeler à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières et gazières afin de limiter le réchauffement à 1,5 °C, Total envisage l’exploitation de nouveaux gisements, notamment en Arctique et en Afrique de l’Est.  La multinationale envisage de consacrer 80 % de ses investissements au pétrole et au gaz à l’horizon 2030. A Bruxelles, des activistes tentent de convaincre les actionnaires hésitants de voter contre au moment où cet article est écrit.

Le Business as usual, on le sait depuis longtemps, n’est pas tenable, c’est la promesse d’un monde invivable.  On peut donc se réjouir que les choses soient en train de bouger dans le monde du pétrole et de la finance, même si ce n’est qu’une amorce. 

Cependant, en tant que syndicalistes, il y a lieu d’être attentifs à ce que ces changements impliqueront pour les travailleurs des entreprises pétrochimiques. La transition énergétique que certains actionnaires appellent aujourd’hui de leurs vœux doit être non seulement écologique mais socialement juste !

Tout mettre en œuvre pour maintenir des emplois décents dans ces entreprises, n’est-ce pas aussi un devoir de diligence ?

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Save the date ! 22 septembre 2021 : journée « Notre travail à l’épreuve du climat » dans les entreprises

Pour que notre monde soit viable, l’augmentation de la température moyenne par rapport à l’ère préindustrielle ne doit pas excéder les 2 °C mais même au-delà de 1,5 °C, les dégâts risquent d’être considérables.  Atteindre cet objectif nécessite une transition écologique qui passera par une décarbonation de l’économie.

Conscients de ces enjeux et des risques qui y sont liés, les syndicalistes ont élaboré le concept de transition juste, socialement juste s’entend.  En effet, si certains secteurs seront pourvoyeurs d’emplois (énergies renouvelables, construction, …) d’autres subiront des restructurations en lien avec la sortie des activités les plus polluantes.  Les syndicats sont parvenus en 2015 à inclure la transition juste dans le préambule de l’Accord de Paris.

Il importe d’analyser la situation dans chaque pays, chaque région afin de connaître les risques et les opportunités que ces changements vont générer et de mettre au point des plans de transition juste qui seront négociés entre interlocuteurs sociaux. 

Les travailleurs doivent être au cœur du processus afin de :

  • savoir de quelles qualifications et formations ils auront besoin ;
  • s’assurer que le système de sécurité sociale garant d’emplois et de salaires décents, d’accès au chômage soit préservé voire renforcé ;
  • faire respecter les droits des travailleurs, …

Le dialogue social est la clé de voûte de la transition.

Quelques pays ont entamé une concertation sur le sujet : Espagne, Allemagne, Canada, Irlande, …

En Wallonie, une étude sur la thématique est programmée dans la Déclaration de politique régionale.  Il est urgent d’élaborer un plan de transition juste pour la région qui permettra d’anticiper les changements plutôt que de les subir.

Pour montrer sa volonté de mettre le processus en œuvre au niveau des entreprises, la Confédération syndicale internationale a conçu depuis trois ans une campagne intitulée « Notre travail à l’épreuve du climat » en vue de créer une dynamique avec les travailleurs. 

La CSI appelle les délégués syndicaux à interpeller leur employeur quant à l’avenir de l’entreprise en relation avec la transition juste.  Il s’agit d’entamer un dialogue sur la question par une discussion, l’envoi d’une lettre, d’un mail, le but étant d’attirer l’attention sur la problématique climatique et des implications que cela aura sur les activités de l’entreprise et à fortiori sur les travailleurs. Cette journée est programmée le 22 septembre.  La CSI prévoit un kit que chaque délégué pourra utiliser à sa guise : affiches, lettre type, slogans, liens avec les réseaux sociaux, … Nous vous informerons dès que le kit sera disponible sur le site de la CSI.  Si vous le souhaitez, l’équipe de RISE est à votre disposition pour réfléchir avec vous à une argumentation adaptée à la situation de l’entreprise et des travailleurs.

Entamons la discussion car la transition juste c’est nous !

Bibliographie : cet article est inspiré de la présentation que Sébastien Storme (Centre pour la Transition Juste de la CSI) a faite sur le sujet lors du réseau du 31 mai 2021.

Le saviez-vous ?

On estime qu’environ 500 milliards de masques chirurgicaux à usage unique ont circulé dans le monde depuis le début de la pandémie !

Ces masques sont composés essentiellement de polypropylène et lorsqu’ils sont incinérés, ils émettent des gaz à effet de serre.

On considère en général que ± 10 % des déchets humains sont jetés dans la nature. Les masques n’échappent pas à la règle et finissent très souvent sur le bord des routes, les trottoirs, dans les eaux usées, les lacs, les océans, …

La dégradation du polypropylène est très lente, ± 400 ans ! Et pendant toutes ces années, les masques vont imprégner la Terre de nanoparticules polluantes. En mer, ces nanoparticules seront ingérées pas les poissons, puis par l’homme !

On a aussi retrouvé des animaux étouffés avec des masques dans l'estomac.

Des scientifiques s’inquiètent de ce qui pourrait bien être une conséquence indirecte de la pandémie et alertent sur le désastre écologique sous-jacent qui s’annonce.

Or, le port du masque, de préférence chirurgical (plus filtrant que les masques en tissu), est devenu une obligation dans un nombre important de situations.

Imposer aux industriels la substitution du polypropylène par de la fibre naturelle (c’est possible, la preuve : https://www.geochanvre.fr/masque/) et créer une nouvelle filière de recyclage pour ces masques sont des solutions qui pourraient contribuer à atténuer ces conséquences sur l’environnement.

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Une formation continuée RISE/Mobilité est programmée au second semestre 2021

  • 30 septembre et 1er octobre : raréfaction des ressources, économie circulaire
  • 21 et 22 octobre : numérique, télétravail (en lien avec l’environnement et la mobilité)
  • 30 novembre : mobilité : motorisations alternatives

Intéressé.e ? Contacte ton permanent. Ton inscription doit obligatoirement passer par lui !

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Les cellules syndicales RISE et Mobilité

La Cellule RISE

Le projet RISE (Réseau Intersyndical de Sensibilisation à l'Environnement) a vu le jour en 1996. Soutenu par la Région wallonne, il rassemble la FGTB et la CSC autour de plusieurs objectifs :

  • sensibiliser les travailleurs et leurs représentants à l'environnement ;
  • stimuler la concertation sociale en environnement dans les entreprises ;
  • renforcer la capacité d'intervention des délégués sur les questions environnementales.

RISE vous propose différents outils pour vous aider dans vos actions :

  • des formations sur l'environnement ;
  • un service d'aide auquel adresser vos questions ;
  • un appui sur le terrain ;
  • un site web : https://www.rise.be ;
  • des brochures sur différents sujets relatifs à l'environnement (téléchargeables sur le site) ;
  • une lettre d'information semestrielle.

Pour toute information, n'hésitez pas à nous contacter

Cellule RISE du CEPAG
Rue Haute 42 - 1000 Bruxelles

  • Conseillers : Lydie Gaudier, Evelyne Jadoul, Jean-Luc Dossin
  • Secrétariat : Daniel Wojtalik
  • Contact : 02 506 83 96 - cepag@rise.be
  • Site Web : https://www.rise.be

La Cellule Mobilité

La Cellule Mobilité du CEPAG poursuit trois objectifs principaux :

  • stimuler la concertation sociale en matière de mobilité dans les entreprises ;
  • renforcer la capacité d'intervention des délégués syndicaux sur ces questions ;
  • informer et sensibiliser les travailleurs et leurs représentants aux problématiques liées à la mobilité.

Le travail de la Cellule Mobilité s'organise sur 3 axes principaux :

  • axe 1 - Formation et sensibilisation : des formations, des séances de sensibilisation, la participation aux congrès syndicaux, colloques et événements particuliers (par exemple: la semaine de Mobilité) ;
  • axe 2 - Expériences-pilotes : des actions sur le terrain sous la forme d'expériences-pilotes dans différentes entreprises ;
  • axe 3 - Appui technique aux délégués : brochures, une newsletter électronique, un site Internet, un service d'aide.

Pour toute information, n'hésitez pas à nous contacter

Cellule Mobilité du CEPAG
Rue Haute 42 - 1000 Bruxelles

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