Transition vers une économie sobre en énergie

Par solidarité et par nécessité, notre économie doit devenir plus sobre en énergie et opérer une transition.

Depuis les années 2000, les entreprises wallonnes ont investi dans des équipements plus efficaces sur le plan de l'utilisation de l'énergie. Mais la performance des équipements n'est rien sans la maîtrise des travailleurs/ses.

Les cellules RISE des syndicats CSC et FGTB invitent les équipes syndicales à engager la discussion en Comité de Prévention ou au Conseil d'Entreprise sur cette question.

Parce que les travailleurs/ses, par leur connaissance du métier, peuvent faire la différence !

Au sommaire de ce dossier :

Améliorer les bonnes pratiques professionnelles en matière d'économie d'énergie... de quoi s'agit-il ?

Dans le secteur de l'industrie

La plupart des grandes entreprises industrielles wallonnes sont engagées dans des accords de branche avec la Wallonie. Par ces accords, les secteurs industriels se fixent notamment des objectifs d'amélioration de leur efficience énergétique et à réduire les émissions de C02. En pratique, cette amélioration peut se faire de deux manières : l'investissement dans des équipements plus performants ou une meilleure gestion de l'énergie via des bonnes pratiques professionnelles.

Les bonnes pratiques peuvent commencer par des éco-gestes simples : éteindre les lumières, baisser les thermostats, etc. Des gains importants sont aussi possibles grâce à une connaissance approfondie du poste de travail, via l'utilisation rationnelle des équipements énergivores (air comprimé, chauffage, froid, éclairage,...) et la maintenance préventive (par exemple, éviter les surconsommations de puissance liées aux équipements défectueux).

Pour prendre une image, une voiture économe qui consomme 5 litres au 100 km, peut dans la pratique consommer 6 à 8 litres si elle est conduite sans formation du chauffeur et si elle n'est pas régulièrement entretenue. L'utilisation rationnelle de l'énergie fait donc appel aux bonnes pratiques professionnelles et à la compétence des travailleurs. Des économie importantes sont possibles si le personnel est capable d'identifier des potentiels d'économie à son poste et est capable d'adapter ses pratiques.

La réflexion sur les meilleures pratiques peut aller jusqu'à revoir plus fondamentalement l'organisation de l'entreprise elle-même : par exemple, modifier les règles de gestion des stocks ou l'organisation des transports.

Dans les autres secteurs

La démarche pour les secteurs industriels est valable aussi, dans une moindre mesure, dans les secteurs non-industriels. Pour ces derniers, l'occupation de l'espace et surtout la localisation déterminent une grande partie de la consommation d'énergie. Par exemple, dans un hôpital ou une administration, l'accessibilité en transports en commun a un effet direct sur les modes de déplacement des usagers et du personnel, et donc sur les consommations de diesel ou d'essence.

Les autres postes de consommation (chauffage, climatisation, éclairage, équipements électriques et informatiques,...) varient fortement selon le type d'activité (commerce, transport, bureaux, écoles, etc.) et la taille de l'entreprise (présence d'un restaurant d'entreprise par exemple).

L'analyse approfondie de l'activité avec les travailleurs (voir page 'méthodologie') montre souvent l'intérêt de gérer au mieux certaines activités nécessitant une débauche d'énergie et de déplacements (séminaires, événements, etc.).

Schéma - Bilan carbone du forum intersyndical 2012 (par CO2logic)

Au sein du périmètre des postes étudiés, l'ensemble des émissions de GES provenant de l'évènement s'élèvent à 4,7 tonnes de dioxyde de carbone équivalent (tCO2e). En tenant compte du taux de participation (321), l'empreinte carbone s'élève à environ 15 kg CO2/participant.

L'évènement, organisé le 22 novembre 2012 pour 321 participants, a été la source de 4,7 tonnes de CO2.

Les émissions liées à la mobilité représentent la part la plus importante puisqu'il s'agit de 3,2 tCO2e soit 67 % des émissions de l'évènement.

Le deuxième poste concerne l'énergie consommée sur le site et représente 19 % de l'empreinte totale, ce qui équivaut à 0,9 tCO2e. Le dernier poste est relatif à la consommation de nourriture qui est à la base de 0,6 tCO2e, soit 14 % de l'empreinte .

Un effort conséquent a été fourni pour réduire ces émissions (voir la page 19 des actes du Forum Intersyndical 2012). L'empreinte carbone subsistante a été compensée par l'intermédiaire de CO2logic via la participation à un projet certifié qui finance la collecte des déchets et la production de biogaz dans les rues de Dar es-Salaam en Tanzanie.

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Améliorer les bonnes pratiques professionnelles en matière d'économie d'énergie : en quoi est-ce un travail syndical ?

Il vaut mieux agir sur les coûts de l'énergie que sur les coûts salariaux

La facture énergétique a tendance à augmenter. Il vaut donc mieux, autant que possible, anticiper les économies d'énergie, plutôt que de subir des coupes dans l'emploi ou les salaires le dos au mur. C'est d'autant plus vrai pour la Wallonie, qui est une région d'industrie lourde très énergivore comparée à d'autres régions d'Europe.

Les économies d'énergie sont indispensables pour atteindre les objectifs climatiques de l'Union Européenne de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % à l'horizon 2050

Selon les experts du GIEC, la moitié de ce que l'Humanité peut émettre de carbone a déjà été utilisé depuis le début de l'ère industrielle et la marge de manœuvre restante est ridiculement faible compte tenu de la faiblesse des progrès réalisés jusqu'à présent.

Les entreprises investissent dans des équipements performants ; les bonnes pratiques complètent l'investissement consenti
Le baromètre syndical de l'environnement 2012 confirme qu'il reste un potentiel d'économie d'énergie dans la gestion des nouveaux équipements mis à disposition (bâtiments, matériel, machines,...).

Le développement de bonnes pratiques peut s'avérer gratifiant pour le personnel

A condition de le faire dans un contexte social favorable (voir ci-dessous), une « entreprise apprenante » est un cadre de travail où les compétences et l'intelligence des travailleuses et travailleurs sont davantage mobilisées.

L'accompagnement de cette recherche de bonnes pratiques est un travail syndical

Les travailleurs sont intéressés à la bonne santé de l'entreprise sur le long terme, entre autres pour préserver et développer l'emploi. Et la nécessité de s'adapter à une économie d'avenir justifie que le syndicat prenne l'initiative. L'accompagnement syndical permet d'intégrer cette question en restant attentif aux conditions de travail.

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Quelques expériences en Belgique et en Europe

(Voir brochure syndicale « Greening Workplaces » p. 15)

  • AVE Regina, Belgique : double vitrage et installation de systèmes de chauffage plus efficaces dans ce grand centre social, sur proposition des délégués syndicaux. Les factures de chauffage ont été nettement réduites, amortissant ainsi le coût des importants investissements réalisés.
  • AXA Assurances, Belgique : actions syndicales de sensibilisation en faveur de modes de déplacement alternatifs à l'autosolisme dans un contexte de déménagement avec réduction des parkings.
  • UCL Université, Belgique : initiatives et accompagnement par l'équipe syndicale d'actions pour réduire les consommations d'énergie, en particulier via l'encouragement de modes de déplacement alternatifs à l'autosolisme.
  • Sièges d'une organisation syndicale, Belgique : Mise en place de groupes de travail associant les délégué/es, destinés à réduire les consommations d'énergie et les impacts environnementaux.
  • L'entreprise sidérurgique Ellimetal, Belgique : le syndicat a négocié l'installation de portes automatiques contrôlées à distance par les conducteurs de chariots élévateurs, ce qui a eu pour effet de réduire la déperdition de chaleur ainsi que les factures de pétrole, et d'améliorer le confort des travailleurs à proximité.
  • Nyrstar, Belgique : un délégué syndical de la fonderie de zinc élabore actuellement des outils servant à mesurer les incidences sur l'environnement (notamment l'énergie), en observant les cycles de vie des produits de la production à la distribution. L'objectif consiste à obtenir une accréditation et à évaluer de manière comparative les meilleures technologies disponibles.
  • Centre Reine Fabiola, Belgique : dans cette résidence pour personnes handicapées, les syndicats ont lancé un projet de cogénération destiné à chauffer la crèche et les ateliers, et à alimenter ceux-ci en électricité. Ce système fonctionne bien sur les lieux de travail de grande dimension qui utilisent l'électricité 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.
  • Scottish Power : la direction et les syndicats ont décidé des contrôles automatisés de l'énergie : ampoules à détecteurs de mouvement et extinction automatique des PC après les heures de travail.
  • A & P Marine, Falmouth, Royaume-Uni : un large éventail de mesures d'économies d'énergie menées par le syndicat GMB et l'équipe du lieu de travail chargée de l'énergie comprend, entre autres, de nouvelles pompes à énergie efficaces, qui s'auto-alimentent tous les 9 mois. Cogénération: chaleur combinée, refroidissement & énergie électrique.
  • Énergie renouvelable sur site BT (Royaume-Uni) et Magor Brewery (sud du pays de Galles) : les délégués syndicaux ont formulé des propositions en vue de l'implantation d'éoliennes sur le site même.

Economies d'énergie dans l'industrie : les équipes syndicales s'impliquent

Visionnez les témoignages de délégués des secteurs agroalimentaires (Christophe Tjoens) et des fabrications d'ascenseurs (Felipe Fernandez) dans notre rubrique Vidéos - Témoignages

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Quelle méthodologie pour l'équipe syndicale ?

Clé n° 1 - Les délégués s'efforcent d'atteindre un équilibre entre les engagements des travailleurs et du management

  • Les travailleurs acceptent de s'impliquer encore davantage dans la recherche d'économies et mobilisent leurs compétences via des formations et des démarches d'améliorations accompagnées par un suivi syndical.
  • Le management accepte le principe d'un encadrement syndical de la démarche pour assurer que celle-ci corresponde bien à l'intérêt du personnel.

Une première discussion en CPPT doit permettre de poser ce cadre de manière équilibrée : la mobilisation du personnel pour économiser l'énergie de manière volontariste aura pour principe d'être neutre ou d'améliorer les conditions de travail au sens large.

Il convient d'être attentif à ce que le management n'associe pas l'amélioration de l'efficacité énergétique et l'augmentation du rythme de travail via l'augmentation de l'utilisation des équipements. D'autant plus que les gains ainsi obtenus sont souvent réduits à néant par des surconsommations liées aux pannes de matériel (du genre : fuites sur tuyau, pannes d'imprimante, etc.).

Clé n° 2 - La concertation traduit cet équilibre en objectif collectif

Le CPPT se met d'accord sur un objectif collectif à atteindre (par exemple : réduire de moins 30 % les consommations d'ici 2020). Deux conditions sont nécessaires pour que cet objectif ait un sens :

  • il doit être porté par la direction ;
  • à cet objectif doit correspondre un indicateur par unité produite dont la mesure est indépendante de la production (exemple : nombre de kWh par unité produite ou kg de papier par personne,...). De cette manière les résultats ne sont pas liés à la conjoncture économique.

Clé n° 3 - La CPPT désigne un groupe technique motivé auquel les représentants des travailleurs sont associés

Le CPPT valide un groupe technique associant des représentants syndicaux et patronaux. Ce groupe est chargé de déterminer des actions et cibles prioritaires, de mettre en œuvre le plan et d'assurer un suivi via des évaluations et réorientations régulières. La motivation des personnes composant ce groupe est essentielle pour surmonter les risques de découragement devant les difficultés, la méfiance possible, les lourdeurs inévitables...

Clé n° 4 - Réaliser un test sur une partie de l'entreprise

La réalisation d'un test sur quelques services motivés permet de bien mesurer les obstacles et de voir comment les dépasser. Ce test peut se mettre en place de la manière suivante :

  • à un moment opportun, le groupe technique informe les travailleurs de la démarche et lance une enquête, une campagne d'affichage, un tract,... pour faire prendre conscience aux travailleurs des consommations actuelles, des impacts en termes d'environnement, de coûts et de conditions de travail ;
  • des outils organisent la collecte d'idées d'amélioration auprès des travailleurs (par exemple des photos de points améliorables, des écocartes énergie par postes ou ateliers, des listes de type carte météo, etc.) ;
  • le groupe technique évalue le potentiel de gain des actions listées avec facilitateur (et/ou avec le responsable énergie).

Clé n° 5 - Assurer la dissémination

En fonction des résultats du test, le CPPT décide de la suite à donner en commençant par les actions les moins coûteuses et qui bénéficient aux travailleurs (qualité de vue au travail) et à l'employeur. Les pistes à développer dépendent des usages en vigueur : formations, fiches de postes améliorées, « 10 minutes énergie »,... L'idéal est de mettre en place un processus d'amélioration continue ou de l'intégrer à celui qui est en place.

Les entreprises déjà engagées dans une démarche ISO, peuvent aisément intégrer cette démarche et apporter un plus au processus d'amélioration continue déjà en place dans l'entreprise.

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Outils pour développer les bonnes pratiques professionnelles en matière d'énergie dans l'entreprise

L'affiche

Voici le pdf de l'affiche si vous souhaitez mener, en front commun si possible, la campagne pour développer les bonnes pratiques professionnelles en matière d'énergie dans votre entreprise.

Secteurs industriels : la fiche RISE « Les accords de branche » (2013)

Les accords de branche sont des accords volontaires entre les pouvoirs publics wallons et les fédérations sectorielles visant l'amélioration de l'efficacité énergétique et la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES). Ces accords constituent un des moyens utilisés par le Gouvernement wallon pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES dans le cadre du Protocole de Kyoto. Ce travail est aussi essentiel pour favoriser l'ancrage de l'industrie sur le territoire. La fiche aborde prioritairement deux questions :

  • Quels impacts ont ces accords pour l'entreprise ?
  • Quels enjeux pour les représentants des travailleurs ?

Télécharger la fiche

Secteur tertiaire (bureaux, écoles, administrations,...) : la fiche RISE « L'énergie-climat »

La consommation d'électricité du secteur tertiaire a augmenté de 30 % entre 1990 et 2000. Une fiche a été réalisée pour conseiller spécifiquement les équipes syndicales dans ce secteur. Elle donne quelques références en matière de consommation spécifique, aborde la notion de confort thermique en lien avec le bien-être au travail. Vous pouvez la télécharger en cliquant sur ici.

Tous secteurs : la fiche RISE « Des entreprises moins polluantes et plus performantes »

Cette fiche propose aux équipes syndicales 10 points d'attention sur la gestion rationnelle de l'énergie dans l'entreprise. Elle est disponible ici.

Tous secteurs : l'écocarte-énergie

La méthode des écocartes est particulièrement bien adaptée à une identification simple et efficace des améliorations en matière d'énergie. De plus, chaque travailleur a l'occasion d'y joindre ses observations. Des exemples d'écocartes sont disponibles sur le site (la carte n° 6 est dédiée à l'énergie).

La brochure de la CES « Lieux de travail verts - Guide à l'usage des délégués syndicaux » (2012)

Ce guide pratique à l'usage des délégués syndicaux a été réalisé sur base des bonnes pratiques syndicales en matière de gestion de projets environnementaux en entreprise, menées dans plusieurs Etats membres (Belgique, Royaume-Uni et Allemagne). Il propose, de manière très concrète, une série d'initiatives qui peuvent être prises par les délégués et des méthodologies d'action. Ces pistes sont complétées par des exemples de réalisations et par des liens vers plusieurs outils en ligne et sites Internet utiles.

Télécharger la brochure

Quelques conseils pour analyser l'impact dans la comptabilité (2013)

Est-il possible de jouer un rôle actif en Conseil d'Entreprise pour analyser la dépendance de l'entreprise en matière d'énergie, son efficacité dans l'utilisation d'énergie, etc ? Une fiche RISE donnent quelques pistes aux délégué-es en CE sur cette question. Elle est accessible ici.

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Autres ressources utiles

Les compétences syndicales (voir aussi le chapitre « Méthodologie »)

Pour connaître les compétences générales du CPPT, du CE ou de la DS en matière d'environnement, consultez la brochure : « L'environnement, terrain d'action syndicale » pp. 6 à 10.

Exemples de ce qui est possible de faire grâce à ces compétences :

  • proposer la mise en place d'un groupe de travail centré sur les économies d'énergie, auquel les syndicats sont associés (voir chapitre « Méthodologie ») ;
  • proposer une campagne de sensibilisation sur les bonnes pratiques professionnelles ;
  • en CE, demander les résultats obtenus en matière d'économie d'énergie ;
  • inscrire le thème dans la visite des lieux de travail et le plan annuel d'action en CPPT ;
  • recueillir les idées et l'avis des travailleurs sur les mesures à engager.

Les aides de la Wallonie en matière d'efficience énergétique

Le portail wallon de l'énergie propose une série de conseils aux entreprises sur ce site.

Les cellules RISE recommandent de faire appel aux facilitateurs compétents pour accompagner la phase d'évaluation des mesures identifiées par le personnel (voir chapitre « Méthodologie »).

La cellule RISE de votre syndicat

Comme délégué/e vous bénéficiez de l'aide d'une cellule soutenue par la Wallonie pour vous aider dans vos actions syndicales qui concernent l'environnement. Trouvez l'adresse de la cellule RISE de votre syndicat ici.

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