L’adaptation au changement climatique : une priorité !

Ces dernières années, les phénomènes climatiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Rappelons-nous de l’été 2019 au cours duquel le record absolu de température de 40,2 °C, tous mois confondus, a été atteint mais aussi de l’été 2018 qui a été le plus chaud jamais enregistré en Belgique.


Cette année, ce sont des inondations sans précédent qui ravagent l’est du pays et le Brabant wallon.

Les conséquences de ces événements sont très graves, en termes de décès prématurés, de pertes matérielles pour les citoyens, de coûts pour la société pour réparer les routes, les voies ferrées, les ponts mais aussi en termes d’emplois à moyen et long terme.

Les changements climatiques peuvent entraîner des hausses de prix pour les matières premières et les produits agricoles, des perturbations dans les chaînes logistiques. L’approvisionnement en électricité peut être perturbé, contraignant les entreprises à réduire leurs activités. La sècheresse peut contraindre les centrales électriques à diminuer leur production par manque d’eau de refroidissement. Les transports routiers, ferroviaires, aériens, maritimes peuvent être lourdement impactés par les phénomènes climatiques extrêmes.

A titre d’exemple, un réacteur de la centrale nucléaire EDF de Golfech (Occitanie) a été mis à l'arrêt en raison de la canicule. En 2019, en Belgique, la circulation des trains a été interrompue à plusieurs endroits en raison de problèmes de caténaire et de la dilatation des rails qui n’ont pas été conçus pour faire face à des températures extrêmes.

La santé et la sécurité des travailleurs est également menacée par les conditions climatiques difficiles, sans compter les services d’urgence sous pression de manière récurrente.

Pourtant, la Belgique, de par son climat tempéré maritime, ne fait pas partie des pays les plus exposés par rapport aux pays méditerranéens en voie de désertifications ou scandinaves qui doivent désormais faire face à des incendies de forêts inédites.

En 2014, Triple E. Consulting a estimé que 410.000 emplois seraient potentiellement perdus d’ici 2050 si aucune mesure d’adaptation aux changements climatiques n’étaient prises.

En ce qui concerne l’impact sectoriel, leur rapport conclut que les pertes d’emplois les plus importantes interviendront au plan européen dans l’industrie manufacturière, le commerce de détail et les loisirs, les services aux entreprises (informatique, services juridiques, gestion des installations, …) et les services publics et collectifs (éducation, santé, accès à l’eau et à l’énergie, …), en raison notamment des effets d’entraînement négatifs de l’impact des phénomènes climatiques sur le secteur primaire (agriculture, sylviculture, pêche, mines) et les transports.

Ironie du sort, la Commission européenne a adopté ce 15 juillet un ensemble de propositions intitulées « Fit for 2050 » visant à adapter les politiques de l'Union en matière de climat, d'énergie, d'utilisation des terres, de transport et de fiscalité afin de permettre à l'UE d'atteindre ses objectifs climatiques à l’horizon 2030. Parmi les mesures les plus emblématiques, figurent la fin des voitures à essence en 2035, l’extension du système ETS (marché du carbone) au transport maritime, la taxation du kérosène, l’imposition de taxes sur les produits importés les plus polluants, le reboisement massif, l’obligation pour le secteur public de rénover énergétiquement 3 % de ses bâtiments chaque année, le renforcement des objectifs en matière d’efficacité énergétique et de développement du renouvelable.

On le voit, les pouvoirs publics commencent à prendre le problème à bras le corps. Est-ce que tout sera suffisant sans un changement profond des modes de production et de consommation ? Sera assez rapide ? Non, les catastrophes vont de toute façon continuer à augmenter en fréquence et en intensité.

Il faut s’y préparer… inévitablement, tant les mesures prises pour limiter le réchauffement climatique global que les conséquences des événements climatiques extrêmes récurrents vont conduire à des augmentations de prix. Pour cette raison, Il est fondamental de promouvoir entre autres mesures l’adoption de stratégies nationales et régionales d’adaptation cohérentes et efficaces qui aident à anticiper et à lutter contre les effets des changements climatiques, y compris en termes d’impact socio-économique et sur les travailleurs et qui s’inscrivent dans un cadre de justice sociale. Les gouvernements régionaux et le gouvernement fédéral ont adopté des plans d’adaptation, chacun dans son domaine de compétences. Le dernier plan national d’adaptation couvre la période 2017-2020.

Il est indispensable entre autres que les gouvernements aux différents niveaux de pouvoir renforcent les systèmes de protection sociale pour que les personnes les plus vulnérables soient protégées face aux conséquences des évènements climatiques extrêmes (chômage temporaire, subventions directes aux travailleurs et aux entreprises, plans de relance, etc.)


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